Le nord du Vietnam : Bac-Bo ou Tonkin
Le Bac-Bo autrefois Tonkin (idéal pour un circuit au nord Vietnam) constitue la partie septentrionale du Vietnam. Il est bordé par la Chine au nord, le Laos et l’Annam au sud et le golfe du Tonkin à l’est. Situé entre le 20° et le 23°4′ de latitude nord, il s’étend sur une superficie de 150 000 km² dont 120 000 km² de massifs montagneux.
La Haute Région, à l’ouest du fleuve Rouge, se compose essentiellement de montagnes. Au nord, la côte rocheuse est parsemée d’une poussière d’îles (Ha-long). Au sud, vers l’Annam, la côte est basse, en évolution alluvionnaire.
Le delta du fleuve Rouge (sông Hông) est un ancien golfe comblé par les alluvions du fleuve Rouge et de ses affluents : le fleuve Noir venu du Sud, et le Sông-La, venu du Nord.
En aval de Hanoï, le fleuve Rouge forme un imposant delta qui déverse ses eaux dans le golfe du Tonkin. Le fleuve Rouge prend sa source dans la province chinoise du Yunnan, à 1 270 mètres d’altitude.
Après avoir franchi de profondes gorges, il pénètre en territoire vietnamien dans une vallée qui le conduit sur 500 kilomètres, vers le golfe du Tonkin. Là, il ne s’élève à guère plus de 80 mètres au-dessus du niveau de la mer. La plaine deltaïque, de forme trapézoïdale, est surtout réservée à la culture du riz inondé.
En effet, les terres limoneuses extrêmement fertiles en font le « bol de riz » du nord Vietnam. Avec une densité de population allant de 600 à 1 600 hab/km², la concentration humaine, dans cette région, est l’une des plus importantes du monde. Le niveau des eaux peut monter de 10 mètres en 24 heures durant la saison des pluies, c’est-à-dire entre juin et octobre.
Aménagé depuis un millénaire, le fleuve Rouge est équipé d’un réseau de digues, de canaux, de barrages qui permettent de répartir les eaux d’une façon plus régulière à travers les rizières. Néanmoins, des catastrophes peuvent survenir. De nombreuses excursions peuvent être organisées depuis Hanoï pour découvrir les provinces environnantes.
Autour de Hanoï
Le Temple des Éléphants Agenouillés (Voi Phuc), à 6 km à l’ouest du centre ville. Belle promenade jusqu’au temple situé au fond d’une allée profonde précédée d’un portique orné de deux éléphants couchés. Il est dédié à Linh Lang, fils de Ly Thanh Tông qui aurait dérouté l’ennemi chinois avec des éléphants au XIe siècle (époque Song).
La Pagode de But Thap (pagode de la tour du Pinceau) à 30 km au nord-est de la capitale (province de Ha Bac) pourrait dater du XIIIe siècle mais elle a été reconstruite au XVIIe siècle puis au XVIIIe siècle. Très riche stupa, octogonal en pierre, dédié au bonze chinois Chuô Kung.
Dans la tour à deux étages, le moulin à prière en bois à neuf étages (les neuf vies de Bouddha) est daté du XIIIe siècle. Le sanctuaire principal est entouré d’une galerie. Statue originale en bois de Quan Am. Une restauration récente a été financée et réalisée par des Japonais. Elle est une des plus célèbres pagodes du Vietnam.
La Pagode de Chua Thay (pagode du Maître) est à 40 km au sud-ouest de Hanoï, sur le site de Thuy-Khê. Ce sanctuaire (XIIe siècle) est dédié à Cakyamuni entouré de ses 18 arhats, au moine Tu Dao Hanh (le « Guru ») et au roi Ly Thanh Tông. Superbe panorama du sommet de la colline de Sai Son. Parfois des spectacles de marionnettes sur l’eau (Tu Dao Hanh était expert en ce genre) y sont donnés.
Par la même occasion, allez admirer la Pagode de Tay Phuong (ou pagode de l’Ouest), célèbre pour ses 73 statues en bois de jaguier (XVIIIe siècle) représentant les « arhats ».
La Pagode des Parfums (Chua Huong), à 60 km au sud-ouest de Hanoï, se situe dans la province de Ha Son Binh. Le charme de cette excursion vient de la promenade en barque qui s’effectue à partir d’un village et qui permet la traversée de beaux paysages. L’ensemble des pagodes et sanctuaires est aménagé sur les flancs de la montagne Huong Tich Son (la montagne de l’Empreinte Parfumée). Le site est dédié à Quan Am. Pèlerinage annuel en avril regroupant beaucoup de fidèles ! (3 heures de marche).
Coloa, à 16 km au nord de Hanoï.
Ancienne résidence royale de Thuc An Duong (règne de ‘ 214 à ‘ 208). L’ancienne cité comprenait neuf enceintes concentriques d’où le nom de lao-thanh, « citadelle en colimaçon ». Seules trois enceintes demeurent. Ces enceintes en terre battue se rejoignent au sud. Elles étaient renforcées par des haies de bambou et bordées de douves sur lesquelles de larges barques pouvaient naviguer. Les temples actuels se dressent sur l’emplacement d’anciens édifices. On y retrouve un dinh, restauré en 1905, et derrière un sanctuaire où trône « le souverain de jade » assisté de Lao Tseu, de Confucius et des entités bouddhiques Maitreya et Quan Am.
Hoa Lu (district de Gia Viên), à 110 km au sud d’Hanoi, fut durant treize ans, la capitale du royaume, avant d’être abandonnée au profit de Hanoï. Le paysage de roches karstiques a été surnommé « la Baie d’Ha Long terrestre ». On y visite deux sanctuaires : le dinh de Bo Linh dédié aux rois Dinh et le temple du roi Lê Dai Hanh et de la reine Duong Van Nga. On prend une barque au village de Van Lam pour aller à la grotte de Bich Dong (grotte de Jade) où sont conservées trois pagodes datées du XVIIe siècle. L’excursion peut être complétée par la visite de Gia Mieu, lieu d’origine de la dynastie Nguyên (voir le dinh).
Avant d’arriver à Phat Diem (121 km au sud de Hanoï), on passe sur un petit pont couvert (fin XIXe siècle). Phat Diêm avec sa cathédrale, représente l’ancien haut-lieu du catholicisme vietnamien.
La cathédrale ressemble à une pagode. Sur le parvis : tombeau du père Six, fondateur de la cathédrale. Chemin de croix taillé dans le granit. A proximité, église de Thuan Dao de style néo-roman.
Excursion dans la baie d’Ha Long (par Haiphong)
Ha Long se situe à 170 km de Hanoï et nécessite un déplacement de deux jours. Il est conseillé de passer par Haïphong, deuxième port du pays.
Haïphong est reliée à Hanoï par la route nationale 5, il faut emprunter un bac et plusieurs ponts à sens unique. La route nationale 10 permet de rejoindre la province de Thai Binh qui, avec 1 106 habitants/km², représente l’une des plus fortes densités du pays. Cette région, grande productrice de riz, de jute et de rotin possède un patrimoine artistique non négligeable comme la Pagode Keo (à 10 km à l’ouest de Thai Binh), dans la commune de Vu Thu. Datant du XIIe siècle, elle est construite toute en bois. Vous pourrez profiter des belles plages de la mer de Chine à Dong Chau (district de Tien Hai).
En quittant Hanoï pour Haïphong, on traverse Hai Duong (plus grande fabrique de céramique du nord-Vietnam), puis Hung Dao (visite du temple de Kiep Bac).
Haïphong, à 103 km de Hanoï, sur la rive droite du Song Cam.
Son port, bien qu’à 20 km de la mer, peut recevoir des bateaux de fort tonnage. Elle est aujourd’hui un grand centre industriel (chantiers navals, première région houillère du pays). C’est par ce port que transite une grande partie des échanges commerciaux du Vietnam.
La ville a été occupée par les Japonais lors de la Seconde Guerre mondiale puis bombardée par les Français et les Américains lors des deux guerres de Libération. Vous visiterez le temple Nghe (rue Ngo Nghe) ou le Dinh Hang Kenh (53 rue Nguyên Cong Tru) aux multiples sculptures sur bois, ainsi qu’un petit Musée municipal (histoire des guerres).
A partir de Haïphong, on peut se rendre en bateau vers les îles de Cat Hai et Cat Ba ou profiter de la plage de sable fin à Do-Son.
La Baie d’Ha Long s’étend majestueusement à une cinquantaine de kilomètres de Haïphong, dans la province de Quang Ninh, frontalière avec la Chine. On prend la rive gauche du Song-Cam puis, à environ vingt kilomètres, on emprunte un second bac.
Il est également possible de se rendre en bateau à Ha Long depuis Haïphong (embarcadère Ben Binh). La Baie d’Ha Long est considérée comme le plus beau site du Vietnam et l’un des plus beaux du monde. Sur près de quatre-cent kilomètres, au milieu d’une mer couleur de jade, émergent des milliers d’îles calcaires ou de rochers karstiques recouverts de végétation, servant de refuge à d’innombrables oiseaux.
Ha Long signifie « descente du Dragon ». Les textes anciens évoquent, en effet, la présence d’un dragon dormant dans les eaux transparentes lors de l’équinoxe d’automne pour rejoindre le ciel lors de l’équinoxe de printemps.
Ce site est grandiose et il faudrait beaucoup de temps pour se promener à travers ces trois mille îles qui occuperaient la superficie de la Guadeloupe. Les îlots sont de formation calcaire (fin de l’ère primaire), ils se sont désagrégés par l’érosion, seules les roches dures ont subsisté. Se sont formées également de vastes grottes, cavernes et tunnels.
Le spectacle, en fin de journée, du va-et-vient des jonques et des sampans est inoubliable. La visite en bateau dure généralement trois heures. Il est indispensable de passer une nuit sur place. L’hôtel Ha Long offre une très belle vue depuis ses jardins. Il est possible de se baigner. La meilleure saison pour profiter pleinement de la baie d’Ha-Long est en avril.
Au départ de Ha Long, vous pouvez visiter Hon Gai (« le pic pointu »), petite ville de pêche avec la Pagode de Long Tien (qui est ornée d’une cinquantaine de Bouddhas en bois).
Diên Biên Phû
A 500 km de Hanoï, cette excursion demande 5 jours de déplacement. La route présente l’intérêt de traverser les hautes plaines entre Son La et la cuvette de Diên Biên Phû, peuplées de populations thaïes noires (Thaïs Dam ou Thaïs Den), minorités qui ont encore gardé leurs traditions : habitations constituées de maisons sur pilotis, regroupement en villages constitués de plusieurs dizaines de foyers, pratique de la culture sur brûlis sur les flancs de collines, culture du riz dans des champs irrigués.
Les femmes sont vêtues de noir et parées de bijoux en argent massif. Avant d’arriver à Diên Biên Phu, on rencontre également les populations Hmong, de famille linguistique austro-asiatique. Ils vivent de manière assez indépendante. Chaque famille possède ses tambours et ses vasques de bronze, symbole d’autorité.
Son La est une halte pour la nuit. Située à 308 km de Hanoï et à 600 mètres d’altitude, la ville fut un centre pénitencier à l’époque coloniale et surtout en 1908, pour de nombreux révolutionnaires vietnamiens. La route est souvent coupée, entre mai et octobre, à cause des pluies de mousson. Janvier et février sont les meilleurs mois pour circuler dans cette région.
La province de Lai Chau, au nord-ouest de Son-La, jouxte le Laos et la Chine. Elle est peuplée de nombreuses minorités (Thaïs, Hmong, Xinh-mun et Ha Nhi). Sa forêt abrite encore des animaux rares comme le tigre ou l’ours.
Diên Biên Phû marqua par sa bataille, la fin de la présence française en Indochine, en 1954. Le site est à 120 km de la frontière chinoise et à une vingtaine de kilomètres du Laos. Diên Biên Phû devait être un camp retranché destiné à stopper les avances des troupes du Viêt-Minh vers le Laos et vers le Sud, le long du Mékong.
Le général Giap encercla onze mille soldats français avec ses troupes cinq fois plus nombreuses et obligea leur reddition après cinquante-sept jours de combats acharnés. 3 000 morts français dorment sous les rizières.
La visite du site comprend l’ancien P.C. du général de Castries et l’infirmerie reconstitués, plusieurs carcasses de chars et de canons ainsi qu’un monument aux morts vietnamiens sur le piton nommé « Eliane ».
Le char « Bazeilles », canon pointé vers le ciel, demeure le symbole de cette bataille entre l’Orient et l’Occident.
Il est souvent difficile de se rendre à Diên Biên Phû en avion, en raison des conditions météorologiques (pluie et brouillard).
On peut visiter, sur la route de Diên Biên Phû, Hoa Binh et Mai-Chau (minorités Hmong et Thaïs).
De Hanoï jusqu’à la frontière chinoise
On traverse d’abord Bac Minh et la province de Ha Bac. A 20 km au nord-est de Hanoï se trouve la grande maison communale de Dinh Bang, datée de 1736. Son architecture est typique du nord Vietnam. A Buc Thap (30 km de Hanoï), la Pagode du Bonheur Tranquille (Ninh Phuc) est à voir.
Près de Bac Ninh, le village de Dong Ho est célèbre pour ses gravures sur bois qui servent à décorer les habitations lors de la Fête du Têt.
La province de Lang Son reste à l’écart du tourisme ; sa faune comprend des tigres, des panthères, des varans, des chamois. Elle y abrite de nombreuses minorités ethniques (Thaïs, Nung, Hmong, Man, Hoa, Nghia) qui cultivent le tabac ou la badiane (anis étoilé). Lang Son a été détruite par les armées chinoises en 1979.
De Hanoï à Hue
La Route Mandarine désigne le grand axe Nord-Sud qui reliait jadis Hué, la capitale de l’Annam, à Hanoï et Saïgon. Route des mandarins, c’est-à-dire des mandataires de l’Empereur chargés de commander (cela vient du mot portugais mandar) auprès de la population. Elle n’était à l’origine qu’une piste, parfois même un sentier, emprunté par les porteurs de palanquins et les courriers à pied ou à cheval.
Environ tous les quinze kilomètres, un bâtiment ou « tram » servait de bureau de relais ou d’abri pour les porteurs. Seuls les mandarins, les courriers impériaux et les personnes munies d’un ordre spécial des autorités pouvaient y trouver refuge. Dès l’arrivée des Français, cette route fut doublée sur 1 800 kilomètres, et on y ajouta une ligne télégraphique et une voie ferrée (1898).
On l’appela, d’une façon plus prosaïque, la Route Coloniale 1 en y incorporant un segment de 156 km reliant Hanoï à Langson et la frontière chinoise ainsi qu’un tronçon de 643 km qui, de Saïgon, par Phnom-Penh et Battambang, permettait de gagner le Cambodge et le Siam. Aujourd’hui, la Route Mandarine s’appelle la « Route de la Réunification » ou encore la « Transvietnamienne ».
Après avoir quitté le delta du fleuve Rouge, apparaissent les premiers reliefs karstiques après les villes de Nam Dinh et Ninh Binh ; Sam Son à proximité de Thanh Hoa, offre une agréable halte pour sa plage et ses pêcheurs sur échasses ! La province de Thanh Hoa est peuplée d’ethnies Muong, Thaï, Yao et Hmong.
L’histoire a laissé de nombreuses traces dans cette région. Hoa Lu (14 km au Nord-Ouest de Ninh Binh) fut la capitale des Dinh (968-980) et des Lê antérieurs (980-1009), on y retrouve quelques ruines de la citadelle. A Ninh Binh (29 km au Sud-Est de Nam Dinh), le fils du général de Lattre fut tué au combat. A Dong Son (6 km au Nord de Thanh Hoa) fut découvert, en 1924, l’un des plus importants sites protohistoriques de l’âge de bronze avec de nombreux objets (urnes, tambours’).
Au Sud de Thanh Hoa, la ville de Vinh, capitale du Nghê An, a beaucoup souffert des bombardements américains. On peut ensuite se rendre au village de Kim Lien, à environ 13 km, où est né le président Hô Chi Minh. La maison de bambou date de 1955 et est une réplique de sa maison natale (petit musée).
A 11 km de Vinh, Thien Dien est le village natal de Nguyên Du (1765-1820), l’auteur du chef-d »oeuvre de la littérature vietnamienne, Kim Van Kieu (petit musée). Après avoir longé les longues plages de sable fin bordées de filaos, on arrive, à 40 km au Sud de Vinh, à Dong Loc, l’un des points de départ de la piste Hô Chi Minh.
La piste Hô Chi Minh est une ancienne route de marchands et de trafiquants de drogue. L’armée Viêt Cong s’en servit dès 1959 pour acheminer matériel, et populations vers le Sud, afin de contourner la ligne de démarcation établie au 17e parallèle, à travers un réseau de chemins plus ou moins praticables. Les raids aériens américains ne parvinrent qu’à ralentir les mouvements qui s’effectuaient la nuit ; les hommes et les véhicules restant camouflés le jour.
En 1968, en un mois, 100 000 personnes réussirent à effectuer le va-et-vient entre le Nord et le Sud. On peut visiter certains tronçons de cette piste depuis Vinh, Huê, Danang et Saïgon.
Le cours inférieur de la rivière Sông Lam constituait la frontière entre les Vietnamiens et les Cham. Elle délimite aujourd’hui le territoire de la province de Nghê Tinh au Nord et Ha Tinh au Sud. Avant d’arriver à Dong Hoi, il faut s’arrêter à 45 km au Nord, aux grottes de Phong Nha (inscriptions des Cham qui en firent des sanctuaires bouddhiques). Plages de sable fin à Nhat Le et Ly Hoa.
Vidéo : Hanoï