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Le delta du fleuve Rangoon
Le delta du fleuve Rangoon
L’est de Rangoon s’ouvre sur des souvenirs portugais, avec Thanlyin et Kyauktan ; à l’ouest, Twante et Letkhokkon, sur l’immense plaine rizicole qui couvre le delta de l’Ayeyarwaddy, portent l’empreinte britannique.
Thanlyin
A 7 km au sud-est de Rangoon. Accessible par ferry ou par la route.
Cité portuaire, l’ancienne Syriam s’établit juste en face de Rangoon, sur la rivière du même nom. A la fin du XVIe siècle, elle se trouva à la croisée des chemins des Arakanais et des Portugais, premiers Européens à fréquenter durablement la Birmanie. Plus ancienne que la ville de Rangoon, celle qui accueillit la cour royale des Môn fut tour à tour portugaise, française et britannique, au gré des alliances politiques des Môn et des Birmans avec les différentes nations européennes. De la période portugaise, marquée par l’aventurier Felipe de Brito, l’un des rares Portugais à avoir légué son nom à l’histoire du pays, subsiste une église du XVIIIe siècle.
Pillée et détruite par Alaungpaya en 1756, Syriam céda à Rangoon sa place de capitale portuaire de basse Birmanie, un rôle qui faisait sa gloire depuis quatre siècles. L’actuelle Thanlyin, vivant de ses raffineries de pétrole, fait aujourd’hui figure de petite ville provinciale.
Portrait du Bouddha en pagode
De la base au sommet, le stupa rappelle symboliquement au pèlerin le chemin qu’il doit gravir pour quitter l’humaine condition et atteindre le « parinirvana », l’Extinction totale qui brisera le cycle des renaissances sur cette terre. C’est que, par leur forme, les pagodes birmanes sont aussi autant de portraits du Bouddha. Lorsque son plus fidèle disciple, Ananda, lui demanda comment ses reliques devraient être vénérées, après sa mort, l’Eveillé désigna sa robe, son bol à aumône et son bâton de pèlerin : « Telle fut ma vie, tels doivent être les édifices à ma mémoire », dit-il en substance. La robe pliée sur le sol, c’est la plate-forme sur laquelle se dresse le stupa ; le bol, renversé et posé sur cette robe, on le retrouve à mi-hauteur du stupa. Enfin, pointant vers le ciel, couronnée de l’ombrelle consacrée, la flèche est le bâton du pèlerin.
Suivez le guide !
Pour quelques kyats, achetez une pochette de riz soufflé pour nourrir les poissons-chats sacrés nageant autour de la Yele Paya : tout comme libérer des oiseaux à l’entrée d’une pagode, assurer la survie de ces animaux, c’est s’assurer une existence meilleure dans la prochaine incarnation sur terre…
Kyauktan et la « pagode sur l’eau »
A 15 km au sud-est de Thanlyin.
Petit village vivant de la pêche à l’embouchure de la rivière Rangoon, Kyauktan attire les pèlerins venus se recueillir à la Yele Paya, littéralement la « Pagode sur l’eau ». Il faut prendre une barque pour gagner le sanctuaire, d’origine môn, qui se dresse sur une petite île. Un grand bouddha de jade blanc est assis parmi les stupas dorés.
Twante
Sur le canal du même nom, à 25 km au sud-ouest de Rangoon. Accessible en bus ou en bateau depuis Rangoon. Environ 2 h de navigation.
Le canal de Twante est l’œuvre des Britanniques, durant la colonisation. Arriver à Twante par bateau permet de profiter de la vie du fleuve, sur l’eau comme sur les berges. La ville, qui fabrique et vend des vêtements de coton, est surtout connue pour ses poteries, et l’on pourra visiter les ateliers où les artisans montent leurs œuvres au tour. Les poteries peuvent s’acheter soit dans les ateliers, directement auprès des fabricants, soit au marché.
Vers la baie du Bengale : le delta de l’Ayeyarwaddy
La région était jadis une terre du peuple môn, qui entretenait de solides liens commerciaux avec l’Inde voisine. Nombreuses sont les pagodes érigées sur l’ancien territoire môn, étendu de Rangoon à Pathein, vers l’ouest, et à Bago,vers l’est: la tradition fait remonter leurs origines à ces temps reculés où les marchands venaient d’Inde et où les moines Sona et Uttara introduisirent le bouddhisme theravadin dans le pays.
Pathein
A 180 km à l’ouest de Rangoon ; entre 5 et 6 h de trajet selon l’état des routes et l’attente à prévoir pour passer le fleuve (traversée payante).
Cette ville môn édifiée sur la rivière, Bassein de son nom britannique, fut et reste un nœud important du trafic fluvial, par où transite en particulier l’énorme production de riz du delta, à destination du port de Rangoon, d’où elle sera ensuite exportée vers le monde entier.
Les artisans fabriquant les ombrelles, spécialité de Pathein, ont leurs ateliers dans la partie nord de la ville. Peintes à la main de motifs floraux ou animaliers, d’oiseaux, de paysages, les ombrelles protègent autant du soleil que de la pluie.
Pagode Shwemokhtaw
Elle se dresse au centre de la ville. Au long des escaliers qui montent à sa plate-forme, des boutiques vendent animaux de papier mâché, couples de chouettes porte-bonheur, livres religieux et amulettes protectrices.
Comme la plupart des grands stupas en forme de cloche, celui de la Shwemokhtaw est entièrement doré. La légende fait remonter ses origines au temps du roi indien Ashoka, qui, au IIIe siècle avant notre ère, y aurait fait enchâsser une relique du Bouddha et une barre d’or pur de 15 cm. Haut d’une douzaine de mètres dans les premiers temps, le stupa fut embelli et agrandi par les souverains successifs, jusqu’à atteindre sa hauteur actuelle de 46 m.
Le festival de la Pagode bat son plein lors de la pleine lune d’avril-mai. Comme partout dans le pays à la même date, il célèbre un triple anniversaire : le « jour trois fois béni » de la naissance du Bouddha, de son Eveil sous l’arbre de Bodhgaya, et de son entrée dans le Nirvana, qui eurent lieu à la même date de l’année. En mémoire de l’Eveil, les pèlerins viennent en procession arroser le banian sacré qui se trouve sur la plate-forme de la pagode.
Plage de Chaungtha
Sur la baie du Bengale, à 40 km à l’ouest de Pathein ; 1 h 30 à 2 h de route, selon la saison.
Loin d’être aseptisée comme certaines plages que l’on trouve dans le sud de la Thaïlande, la plage de Chaungtha accueille plus souvent les Birmans que les Européens. C’est là que les habitants de Rangoon, surtout les jeunes, viennent passer leurs week-ends. On ne vient pas à Chaungtha pour admirer les fonds sousmarins, on y vient pour s’amuser. La meilleure façon de profiter du lieu est de faire comme les Birmans : en retrouvant son âme d’enfant, louer une grosse chambre à air de camion et s’élancer contre les vagues, ou paresser sur le sable en sirotant l’eau d’une noix de coco, au son des transistors diffusant des tubes américains d’il y a dix ans… traduits en birman. Au crépuscule, quand la marée est basse, on s’entasse en famille dans une carriole tirée par des bœufs pour faire lentement l’aller et le retour sur les 2 km de la plage, en regardant le soleil, transformé en un énorme ballon rouge, s’enfoncer dans la mer d’Andaman. Et c’est à la lumière des lampes de poche que l’on regagne le village, à quelques minutes de marche, pour y savourer un poisson grillé, une salade de fruits de mer ou une langouste dont les environs possèdent de nombreux viviers.
Le jeu des politesses
« Où allez-vous ? » l’étranger s’entendra-t-il demander vingt fois par jour en birman ou, dans un anglais approximatif, « Eh ! You ! Where you go ? » Il ne faut point voir là une quelconque indiscrétion, mais une formule de politesse semblable à notre « Comment allez-vous ? » « Au marché », répondra-t-on, ou encore, « Oh, par là-bas ! » suivi d’une vague indication de la main. De même, au « Mingalabâr », mieux connu des étrangers, qui correspond en fait plus à un « Soyez béni » qu’à un simple « Bonjour », on saluera par cette question : « Htamin sapi bi lâr ? » littéralement « Avez-vous pris le riz ? », c’est-à-dire « Avezvous déjeuné ? » Invariablement, la réponse sera « Sapi bi », « Oui, j’ai mangé ». Si l’on se trouve dans une maison, cet échange de politesses s’accompagnera d’une tasse de thé chinois, très léger, servi dans une Thermos, et qu’il serait de la dernière inconvenance de refuser. Au fait, avez-vous pris le riz ?