Flânerie et lèche-vitrines
Aux magasins bordant la rue viennent s’ajouter une myriade de kiosques plantés au milieu de la chaussée proposant toutes sortes de babioles et aussi de nombreuses gargotes de pho, nem, cha cá (hachis frit de poisson),bánh côm (gâteau de riz gluant jeune), bánh dúc(flan de riz), bánh cuôn(ravioli de riz),com lam (riz gluant cuit dans un tronçon de bambou), ruou cân (alcool de riz à siroter avec un tige de bambou),chè(sorte de dessert servi dans des verres avec des glaçons) colorés et savoureux. « Nous sommes quelque 3.000 familles commerçantes sur cet axe piétonnier. On vend toutes sortes de produits de fabrication locale et à des prix raisonnables. C’est peut-être cela qui fait l’attraction de notre quartier », s’enorgueillit le patron d’une boutique de souvenirs.
Ce marché pour noctambules se tient de la tombée de la nuit jusqu’à minuit. On y vient en couple, en famille, entre copains, pour chercher un souvenir ou simplement pour baguenauder, humer l’air du temps, s’immerger dans une ambiance conviviale rare dans la ville à cette heure tardive. Certains viennent aussi écouter des chanteurs. En effet, l’Association vietnamienne des musiciens organise tous les samedis une soirée à l’ancienne. Sur une petite scène, des artistes en costumes traditionnels poussent la chansonnette. Les vieux airs de chèo(théâtre populaire), dexâm (chants des aveugles), ca trù(chant des courtisanes), quan ho (chant alterné)… résonnent contre les façades ocres des vieilles maisons. « Je viens ici chaque samedi soir pour écouter l’artiste Thanh Ngoan chanter du chèo, un art que j’admire depuis mon adolescence », confie Lê Thi Lô, une octogénaire bon pied bon oeil. John Lancaster, un Américain, s’intéresse quant à lui à l’ambiance du lieu : « Parmi les nombreux marchés nocturnes que j’ai pu visiter dans le monde, c’est celui de Ðông Xuân qui m’a laissé la plus belle impression. Il a du caractère, à l’image du vieux quartier. Et puis, les souvenirs proposés ici sont vraiment intéressants et pas chers. J’ai d’ailleurs fait une provision pour mes proches ! ».
Projets pour le Millénaire de Hanoi
« L’axe piétonnier et le marché nocturne ont bien joué leur rôle : révéler un espace culturel et architectural unique, propre au vieux quartier, permettre de le découvrir d’une manière tranquille, le nez en l’air, sans avoir à s’inquiéter du risque de se faire rentrer dedans par une moto. Ici, on peut découvrir le rythme de vie d’une communauté commerciale dynamique, des produits artisanaux variés… », raconte Ðô Xuân Thuy, directeur général de la Compagnie par actions de Ðông Xuân, chargée de la gestion de ce site. Selon lui, la ville compte, à l’occasion de la célébration du Millénaire de la capitale en 2010, élargir l’an prochain cet espace piétonnier. Déjà, sa compagnie a procédé à des études de faisabilité et envisagé d’englober les rues Hàng Buôm (Voile), Hàng Giây (Papier), Ta Hiên, Luong Ngoc Khuyên et Ma Mây, bref des artères du coeur du vieux quartier. « Notre projet, c’est de préserver la culture traditionnelle, de créer un quartier gastronomique et touristique », révèle Ðô Xuân Thuy. La compagnie par actions Ðông Xuân propose par ailleurs un autre projet non moins intéressant : remettre en fonctionnement une ligne de tramway dans le vieux quartier et autour du lac de l’Épée restituée. « Ces projet nous permettront de créer un environnement touristique attrayant et empreint de l’identité nationale, de saluer d’une manière très originale le millénaire de la ville », remarque M. Thuy.
La célébration des 1.000 ans de Thang Long-Hanoi approche à grands pas. Considéré comme le coeur de la ville, d’un point de vue géographique mais surtout affectif et culturel, le vieux quartier sera aux premières loges. Actuellement, l’Association nationale des architectes déploie un projet d’embellissement et d’allongement des voies piétonnières. Ainsi, dans un an, en partant de la place Ðông Kinh Nghia Thuc, l’espace réservé aux marcheurs passerait par les rues Hàng Ðào, Hàng Ngang, Hàng Ðuong, Ðông Xuân, Hàng Giây pour se terminer au carrefour du jardin Hàng Ðâu. « L’objectif est aussi de restaurer des ouvrages architecturaux le long de cet axe, en respectant les principes suivants : conserver ou recréer le mieux possible le charme d’antan, c’est-à-dire une beauté sans artifice, austère même, comme dans les peintures de Bùi Xuân Phái », explique l’architecte Ngô Ðoàn Ðuc, directeur de l’Institut national de l’architecture. « C’est un vrai défi, estime-t-il. Mais, comme dit le diction : à cœur vaillant, rien d’impossible ».
(Source: Le courrier du Vietnam)
Article original : Le vieux quartier de Hanoi se redécouvre à pied
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